Routes effondrées, ponts submergés, bâtiments fissurés, réseaux électriques défaillants… À travers le continent africain, les effets du changement climatique ne sont plus des prédictions : ils sont visibles, coûteux, et parfois dramatiques. En première ligne, les infrastructures paient un lourd tribut.
🌧️ Des inondations de plus en plus destructrices
En Afrique, les pluies extrêmes deviennent plus fréquentes et plus intenses. Dans de nombreuses villes comme Kampala, Kinshasa, Abidjan ou Bujumbura, les réseaux de drainage sont insuffisants ou mal entretenus. Résultat : routes impraticables, quartiers inondés, écoles fermées, et parfois des pertes en vies humaines. Les infrastructures routières, souvent non adaptées à ces volumes d’eau, s’effondrent ou se dégradent rapidement.
🌡️ La chaleur fragilise les matériaux
Les vagues de chaleur successives provoquent une dilatation des matériaux de construction. Des fissures apparaissent sur les routes asphaltées, les rails de chemin de fer se déforment, les bâtiments se fragilisent. Les besoins en climatisation augmentent, mettant sous pression des réseaux électriques déjà fragiles.
💧 Sécheresses et pénurie d’eau
Dans les régions semi-arides, les sécheresses prolongées assèchent les barrages et perturbent l’approvisionnement en eau. Les systèmes d’irrigation deviennent inopérants, menaçant à la fois les rendements agricoles et l'accès à l'eau potable dans les centres urbains. Des villes comme Nairobi ou Windhoek expérimentent déjà des rationnements.
🌪️ Vents violents et tempêtes
Avec l’intensification des tempêtes tropicales sur les côtes de l’Afrique de l’Est et du Sud, les vents violents détruisent les toitures, les lignes électriques, les infrastructures portuaires et les habitats précaires. Le cyclone Freddy en 2023 avait, à lui seul, causé des milliards de pertes au Malawi, au Mozambique et à Madagascar.
🛤️ Érosion, glissements de terrain et instabilité du sol
L’érosion côtière affecte gravement les zones littorales. À Cotonou, plus de 100 mètres de côtes ont déjà été engloutis par l’Atlantique. Les glissements de terrain, notamment dans les zones montagneuses de la RDC, du Rwanda ou du Burundi, détruisent routes, maisons et champs cultivés.
⚡ Réseaux énergétiques sous tension
La dépendance de nombreux pays africains à l’hydroélectricité devient un handicap. Lorsque les précipitations diminuent ou deviennent irrégulières, les barrages tournent à vide. C’est le cas du barrage de Kariba au Zimbabwe, qui connaît régulièrement des baisses de production d’énergie. À cela s’ajoute l’absence de solutions de stockage pour l’énergie solaire ou éolienne.
🏙️ Urbanisation sans résilience
Les grandes métropoles africaines croissent à grande vitesse, souvent sans planification adaptée au climat. Les quartiers informels se multiplient dans des zones à risque : marécages, flancs de collines, zones inondables. Ces habitats sont les premiers à être détruits lors de catastrophes climatiques.
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Un défi de développement majeur
Les conséquences économiques sont lourdes : retards dans les projets, reconstruction permanente, investissements gaspillés. Mais au-delà du coût, c’est la sécurité, la mobilité et la dignité des populations qui sont en jeu. Construire des infrastructures résilientes et planifier selon les réalités climatiques est aujourd’hui une nécessité absolue pour l’Afrique.
➤ Et maintenant ?
Face à cette réalité, les États africains, les bailleurs de fonds et les urbanistes doivent intégrer l’adaptation au climat dans toutes les phases de conception, de financement et de construction des infrastructures. Il ne s'agit plus de réparer après coup, mais de prévoir, protéger et résister.
Éditorial
Signé : Victor Mubwigiri