Une situation alarmante L’élargissement et l’approfondissement des ravins dans plusieurs quartiers de Bujumbura – Notamment Kanyosha, Carama, Kinindo, Kinanira ou encore Nyabugete – préoccupent de plus en plus les habitants. Ces formations ravineuses, parfois spectaculaires, menacent les habitations, les infrastructures routières et les terres cultivables. Si certains y voient uniquement le résultat d’une mauvaise urbanisation, de plus en plus d’experts pointent aussi du doigt les effets du changement climatique, qui accentuent la gravité du phénomène. Des pluies de plus en plus destructrices Les précipitations intenses et irrégulières que connaît la ville ces dernières années sont loin d’être anodines. Elles provoquent un ruissellement violent des eaux de pluie, qui érodent les pentes à grande vitesse. L’urbanisation en cause Mais le changement climatique n’est pas seul en cause. L’urbanisation rapide et anarchique de Bujumbura, sans planification ni gestion des eaux pluviales, a fortement fragilisé les sols. Des maisons sont construites sur des pentes instables, des routes bitumées sans caniveaux efficaces, et la végétation protectrice est souvent détruite. Un danger pour les populations Dans certaines zones, les ravins ont déjà emporté des clôtures, des plantations, voire menacé des habitations. Les habitants vivent dans la peur, surtout pendant la saison des pluies. Les routes sont parfois rendues impraticables, et les terres arables disparaissent petit à petit. Des solutions existent 1. Reboisement et protection des sols - Plantation d’arbres et d’herbacées anti-érosives. - Création de haies vives le long des ravins. 2. Construction d’infrastructures durables - Aménagement de caniveaux et fossés de drainage. - Construction de gabions et seuils pour stabiliser les ravins. 3. Urbanisation maîtrisée - Interdiction de construire dans les zones à risque. - Respect des normes de construction et drainage. 4. Sensibilisation communautaire - Éducation environnementale dans les quartiers. - Organisation de travaux communautaires (Ibikorwa Rusangi) pour reboiser, entretenir les caniveaux, etc. 5. Suivi et cartographie - Identification des zones à risque. - Collaboration avec les universités et experts en géologie et environnement. Un défi collectif Le ravinement à Bujumbura est un symbole visible de la crise climatique, combinée à une mauvaise gestion urbaine. Pour l’enrayer, une mobilisation de tous est nécessaire : autorités, urbanistes, citoyens, organisations de la société civile et partenaires techniques.
La République du Burundi préside, depuis vendredi le 17 Mars 2023 la Commission des forêts d’Afrique centrale(COMIFAC), une institution comprenant 11pays membres dont le Burundi. Les cérémonies de remise de témoin au nouveau président de la COMIFAC à savoir le ministre burundais de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage M. Sanctus Niragira par son prédécesseur, le ministre camerounais des forêts et de la faune M. Jules Doret Ndongo se sont déroulées vendredi le 17 courant à l’hôtel Club du lac Tanganyika en présence du Premier Ministre Burundais Gervais Ndirakobuca. Dans son discours de lancement officiel de la 11ème session ordinaire du conseil des ministres, le Premier ministre burundais a indiqué que la COMIFAC est née de la ferme volonté et de l’engagement solennel des chefs d’Etat d’Afrique centrale réunis a Yaoundé en mars 1999, à œuvrer de manière concertée pour promouvoir la gestion durable des écosystèmes forestiers du bassin du Congo qui absorbent par an environ 1,1 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, soit environ 4% des émissions mondiales, ce qui fait que l’Afrique centrale reste l’une des seules régions au monde qui absorbe plus de carbone qu’elle n’en émet. Le traité instituant cette institution prévoit que le conseil des ministres est l’organe de décisions, de coordination et de contrôle de la mise en œuvre des politiques en matière de gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale a-t-il dit.
Il a rappelé que la COMIFAC apporte aux pays membres beaucoup d’avantages par la mise en œuvre de son plan de convergence qui traduit la vision commune des Etats d’Afrique centrale et constituant un cadre global des interventions à mener au niveau des pays membres et au plan sous régional pour atteindre les objectifs convergents énoncées dans la déclaration de Yaoundé sur les forêts. C’est le cas des projets et programmes dont les pays membres ont pu bénéficier notamment le Programme « Gestion durable des forêts dans le bassin du Congo, le projet régional « Produits forestiers non ligneux, projet d’appui à l’observatoire des forêts d’Afrique centrale (OFAC), Projet régional REDD+ (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. Le premier Gervais Ndirakobuca a saisi cette occasion pour saluer les réalisations de la COMIFAC dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration de Yaoundé de mars 1999 tout en signifiant qu’en dépit des difficultés financières que connait cette institution, force est de constater qu’elle continue à renforcer la visibilité du combat pour la conservation de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques.
Il n’a pas manqué de relater ce qui est en train de se faire au Burundi en matière d’environnement en général et dans le domaine des forêts en particulier. Il y a eu mise en place des outils stratégiques pouvant contribuer à la gestion durable des forêts et la lutte contre les changements climatiques notamment : le programme national de reboisement « Ewe Burundi Urambaye », la politique sur les changements climatiques et sa stratégie, le plan national pour le développement du Burundi2018-2027 avec un objectif stratégique consistant à préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, lutter contre la désertification , la stratégie nationale REDD+ qui propose un système national de surveillance des forêts basé sur la mesure, notification et la vérification. Le Premier Ministre Gervais Ndirakobuca a signifié que la mise en œuvre des programmes et projets de la COMIFAC repose sur les contributions des pays mais aussi des partenaires au développement impliqués dans la protection de l’environnement en général et des forêts en particulier et qui continuent à soutenir les actions de la COMIFAC. Il a profité de cette occasion pour les remercier et de leur demander à être toujours aux côtés des pays de l’espace COMIFAC et le Burundi ne ménagera pas d’efforts pour que l’institution puisse continuer à rayonner et à remplir convenablement les nobles missions lui assignées. Il a , à cet effet, signifié que la COMIFAC , sous la présidence du Burundi, mettra à contribution cette opportunité pour que la communauté internationale considère les forêts d’Afrique centrale à leurs juste titre comme « Premier poumon vert de la planète »par leur capacité à éliminer le carbone de l’atmosphère avec un bilan carbone net positif déclassant automatiquement les forêts de l’Amazonie devenu négatif en termes de bilan carbone. Pour lui, la plupart des pays d’Afrique centrale, sont des pays au statut de Haute couverture de Forêts et Faible Déforestation et demeurent engagé à la préservation.
Victor Mubwigiri
La capitale économique du Burundi, Bujumbura abrite du 13 au 14 mars 2023 un atelier sous régional de décryptage des résultats de la COP27 tenue en novembre 2022 à Charm El Cheikh en Egypte. L’objectif de cet atelier de deux jours est de permettre aux pays membres de la COMIFAC de mieux appréhender les résultats des travaux de la COP27 afin de continuer à remplir de manière satisfaisante leurs obligations en tant que Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques(CCNUCC).
Spécifiquement, l’atelier permettra aux participants venus de tous les dix pays membres de la COMIFAC pour la plupart des experts de s’approprier des résultats des travaux des différents organes au cours de la CdP27, d’identifier les enjeux des échéances futures sous la CCNUCC et d’élaborer une stratégie de participation de la sous-région aux échéances futures, de faire l’état des lieux du processus de la révision des contributions nationales déterminées(CND) dans les pays membres de la COMIFAC et d’apprécier l’état des différents projets et programmes concernant la COMIFAC.
Procédant à l’ouverture de cet atelier, l’assistant du ministre burundais en charge de l’environnement M. Emmanuel Ndorimana a signifié que la problématique du changement climatique devient de plus en plus une préoccupation majeure dans le monde et en particulier dans les pays de l’espace COMIFAC au regard de la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles qui relèvent des évolutions récentes du climat. Les impacts des changements climatiques se sont intensifiés pendant ces cinq dernières années a-t-il souligné en expliquant que les manifestations spatiales à une allure catastrophique se sont exprimées par l’étendue des inondations, des glissements de terrain, de l’augmentation de cas de paludisme, de destruction des infrastructures comme les routes etc..
D’après l’assistant Emmanuel Ndorimana, les forêts d’Afrique centrale jouent un rôle primordial dans la séquestration du carbone et elles donnent l’occasion de combiner les efforts des pays pour en tirer profit et mettre en œuvre les contributions déterminées à l’échelle nationale et les rendre plus ambitieuses pour le développement des communautés des pays membres de la COMIFAC. Pour lui, la COP27 a fait un pas important en créant un fonds pour les pertes et dommages en le rendant opérationnel dans la période à venir tout a apprécié le fait que les Nations Unies ont décidé de soutenir cet effort à chaque étape du processus.
Pour sa part, le secrétaire exécutif de la COMIFAC M. Hervé Martial Maidou a indiqué que l’atelier sous régional qui se tient à Bujumbura est organisé dans le cadre du groupe de travail sur le changement climatique, l’un des groupes thématiques de la COMIFAC qui a été créé en 2010. D’après lui, le choix de la ville de Bujumbura par la COMIFAC n’est pas le fait du hasard mais d’un alignement politique sur le discours du Président de la République du Burundi lors de la COP27 à Charm El Check en Egypte où le chef de l’Etat burundais faisait ressortir un engagement déterminé du Burundi pour la lutte contre le changement climatique et que le pays se préparait déjà à prendre le flambeau de la COMIFAC. Depuis le début des négociations de la CCNUCC, a-t-il dit, il y a eu 27 COP soit 27ans de très fortes mobilisations de la sous-région d’Afrique centrale sous plusieurs formes, sans véritablement des retombées à la hauteur des services Eco systémiques rendus par les forêts d’Afrique centrale. « Nous devons commencer à nous poser des questions sur la manière à laquelle nous sommes engagés par rapport à d’autres régions qui arrivent à avoir des financements conséquents, d’abord à travers la structuration et l’organisation de notre groupe de travail, de son fonctionnement et le développement de véritables stratégies pour les négociations » a-t-il fait savoir.
Il a invité les participants à cet atelier à faire une analyse critique de la participation de la sous-région d’Afrique centrale à Charm El Cheick et d’en tirer les leçons apprises qui leur permettront d’avoir non seulement une meilleure visibilité pour les prochaines sessions de négociations, mais également des stratégies pour une mobilisation en faveur de la conservation et la gestion durable des forêts en se focalisant sur « la Déclaration d’engagement des Etats membres de la COMIFAC de Yaoundé en septembre 2021 en faveur des forêts d’Afrique centrale et l’appel à un financement équitable »( le Fair Deal). Les présentations sur la restructuration du groupe de travail climat de la COMIFAC, le suivi de la mise en œuvre des recommandations de l’atelier de préparation du GTCCC , les résultats de la COP27 sous la CCNUCC ont été suivis de discussions générales sur le décryptages des résultats de la COP27, les décisions prises et l’amélioration de l’accès au financement climatique des pays d’Afrique centrale. / Victor Mubwigiri